#Recherche
22.10.2025

Manuel Morales : vers une économie textile plus circulaire et responsable

Le 25 octobre prochain, Manuel Morales, Docteur en Sciences économiques et Enseignant-Chercheur à Clermont School of Business, interviendra en tant que Keynote Speaker lors du workshop international « Re-Generating the Textile Industry », organisé par le collectif Re-Generation Japan. Cet événement rassemblera experts, étudiants et professionnels autour d’un enjeu majeur : la transformation durable de l’industrie textile.

L’industrie textile connaît une mutation profonde, portée par des impératifs économiques, sociaux et environnementaux. Acteur clé de cette réflexion, le collectif Re-Generation Japan organise un workshop international dédié à la transition du secteur, où seront abordées les questions d’économie circulaire, d’innovation responsable et de régénération industrielle.

Parmi les intervenants de cette édition figure Manuel Morales, Enseignant-Chercheur à Clermont School of Business, dont les recherches portent sur l’économie circulaire, l’innovation et les chaînes d’approvisionnement​​​. Ses travaux interrogent la manière dont les entreprises peuvent concilier innovation et durabilité.

À l’occasion de sa participation en tant que Keynote Speaker, il partage sa vision de la transformation du textile, du rôle de la recherche académique et de la manière dont ses travaux nourrissent ses enseignements à l’École.

Manuel Morales - Clermont School of Business
Votre intervention au workshop “Re-Generating the Textile Industry” s’inscrit dans une réflexion mondiale sur la transformation du secteur textile. Quels seront les grands axes de votre intervention ?

L’industrie textile a un fort impact environnemental, (émissions de gaz à effet de serre, consommation d’eau, résidus chimiques et microplastiques, entre autres). Étant majoritairement organisée à l’échelle mondiale, cette filière fait face à des défis partagés entre l’ensemble des acteurs impliqués. Une transition ne peut pas être durable que si tous les acteurs de la chaîne de valeur se mettent d’accord sur les objectifs et construisent ensemble une vision commune.

Néanmoins, même si les objectifs sont partagés, les stratégies appliquées pour les accomplir seront différentes dans chaque territoire, en fonction notamment du type d’activité concernée, de l’expérience des acteurs et du mode de gouvernance de chaque organisation. Les trois grands axes de mon intervention sont l’identification des défis communs pour une transition vers le textile circulaire, les barrières et résistances normatives rencontrées par les parties prenantes et des pistes de réflexion sur les différentes stratégies à prioriser selon la nature des obstacles rencontrés et leur poids d’influence sur l’ensemble du système.

Vos travaux de recherche portent notamment sur les modèles économiques durables et circulaires. Comment ces approches peuvent-elles contribuer à régénérer une industrie aussi complexe que celle du textile ?

Je n’irais pas jusqu’à dire que mes travaux de recherche envisagent de régénérer l’industrie textile. Mais comme vous venez tout juste de l’évoquer, l’industrie textile est une industrie très complexe. Et cette complexité est difficile à saisir par des modèles traditionnels qui sont généralement linéaires et non-déterministes. C’est pourquoi mes travaux proposent une approche alternative, visant à impliquer les acteurs de la filière textile et les décideurs dans une méthodologie participative fondée sur des approches systémiques et multicritères, afin de mieux appréhender la complexité de l’industrie textile.

L’économie circulaire suppose un changement profond des pratiques et des mentalités. Quels leviers économiques ou politiques vous semblent les plus prometteurs pour accélérer cette transition ?

La transition vers un modèle d’économie circulaire est un sujet complexe. Et surtout, la réponse sur les leviers d’action économique et politique va dépendre du secteur industriel ou des services dont on parle. Mais si on se concentre encore une fois sur le secteur textile on constate que l’innovation constitue un levier de transition majeur, aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique. Le type d’innovation identifié est une innovation axée sur la durabilité soit à travers des services circulaires, des projets d’impact sociaux, des partenariats ou à travers des mécanismes permettant la participation du consommateur final. Enfin, en Europe, on a pu identifier le rôle essentiel joué par les salariés et par la régulation des autorités publiques dans la construction d’une innovation orientée vers la durabilité.

En tant qu’enseignant-chercheur à Clermont School of Business, comment parvenez-vous à articuler vos travaux de recherche et votre pédagogie en classe ?

En tant qu’enseignant je suis convaincu que la meilleure façon de mettre à jour nos connaissances théoriques, et aussi la façon dont ces connaissances sont et peuvent être appliquées pour rendre les meilleurs résultats, consiste à les articuler en continu avec la recherche-action. La recherche-action nous facilite l’accès à des solutions concrètes et adaptées aux acteurs locaux tout en offrant l’occasion de construire une expérience formatrice et professionnalisante pour les étudiants, au sein d’une dynamique collaborative avec l’enseignant.

Selon vous, en quoi cette réflexion sur la durabilité et la circularité est-elle essentielle pour la formation des futurs managers et pour l’avenir des entreprises ?

Les notions de circularité et de durabilité permettent de repenser la création de valeur dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources, l’urgence climatique et les attentes croissantes des consommateurs et des régulateurs. Comprendre ces dynamiques, c’est apprendre à conjuguer performance économique, responsabilité sociale et respect des limites planétaires.

Former les décideurs de demain à ces approches, c’est aussi les préparer à gérer la complexité : prendre des décisions dans des environnements incertains, arbitrer entre des effets positifs et négatifs selon les dimensions (économique, sociale, environnementale) et concevoir des modèles d’affaires résilients et régénératifs.

Ainsi, la circularité ne relève pas uniquement d’une contrainte réglementaire ou d’une tendance, mais d’un véritable changement de paradigme : elle invite à innover, à coopérer entre acteurs et à penser les systèmes dans leur globalité. Disposer d’une « boîte à outils » issue de la recherche-action permet alors de transformer ces principes en leviers concrets de décision, d’apprentissage et de performance durable, pour les entreprises comme pour les territoires.

Le saviez-vous ?

Manuel Morales est professeur permanent à Clermont School of Business, au sein d’une faculté qui rassemble plus de cinquante enseignants-chercheurs engagés dans la production et la diffusion de connaissances à impact.

Il est titulaire d’un Doctorat en sciences économiques de l’Université de Clermont Auvergne. Il enseigne le Management stratégique, la Géopolitique de l’environnement et Alignment of purchasing and supply chain management, entre autres. Il est membre de CleRMa (Clermont Recherche Management), Sustainability Transitions Collective (STC) et Circular Economy Research Club (CERCL).

Ses recherches portent sur l’économie circulaire, l’innovation et les chaînes d’approvisionnement, pour mieux comprendre la complexité des variables et leur impact dans l’industrie et la société. Il a démarré sa carrière comme Chercheur dans l’Industrie 4.0 et la Digitalisation après un post-doctorat de 2 ans dans la Bio économie au sein de la Bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt.

Il rejoint Clermont SB en 2023 en tant que Professeur au sein du Département Innovation et Développement.​​​

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